C'est regarder les goutelettes ramper frénétiquement le long de la vitre de la voiture.
C'est prendre son pied à sauter de gigantesques bosses de trente centimètres de haut.
C'est faire des zigzags en tire-fesses en s'efforçant de dépasser les traces de ski existantes.
C'est se laisser glisser dans la poudreuse en écoutant la neige chuinter.
C'est chantonner en tire-fesses des fredaines de juke-box sans queue ni tête.
C'est, seul sur le télésiège, relever les numéros des pylônes qui défilent et des télésièges qui redescendent la montagne, et s'en servir comme bases pour de savants calculs.
C'est le silence de la montagne.
C'est, à l'arrêt, tracer des figures dans la neige avec son bâton de ski, comme ça et aussi pour expliquer de grandes questions physiques et mathématiques.
C'est le chocolat chaud dans le chalet, et en reprendre sans scrupules.
C'est une raclette si pantagruélique qu'elle laisse le ventre gonflé et remuant du bonheur de la satiété durant la moitié de la nuit.
C'est siroter un chianti jusqu'à minuit.
C'est trinquer avec un petit bout de chou qui comprend juste que trinquer c'est un petit geste rituel d'amitié, et qui en redemande.
C'est manger, discuter et jouer avec les amis.
C'est regarder une neige épaisse et rapide filer dans l'espace nocturne au-dessus de la voiture, comme une vision d'hyperespace.
C'est du sommeil avec plein de rêves.
Publié le 20 février 2005 sur http://achernar.over-blog.com/article-128928.html.